Approche systémique
Constellation familiale ou approche systémique
Sans que nous en ayons conscience, notre vie est influencée par des sentiments et des comportements qui ne nous appartiennent pas, car nous sommes reliés au système familial par des secrets, des drames, des fidélités inconscientes issues du passé. Cela se répercute sur le présent, en le perturbant gravement. Conflits, maladies graves, toxicomanie, accidents, suicides, stérilité, divorces, ruptures professionnelles, échecs scolaires, etc. se répètent et se multiplient très souvent depuis et sur plusieurs générations. Pour sortir de ces répétitions, guérir ses « racines familiales », se réconcilier avec ses ancêtres, différentes approches peuvent être utilisées, qui font l’objet de cet exposé.
Ci-dessous, la conférence du dimanche 7 juin 2009 de Marie-Thérèse Bal-Craquin dans le cadre du IVème Congrès International du SIDIIEF du 7 au 11 juin à Marrakech
Afin de rendre compréhensible et utile l’intérêt des approches transgénérationnelles, systémiques et phénoménologiques et leur contribution au développement de la santé, sera démontré comment la prise en compte des aspects transgénérationnels peut être déterminante pour le recouvrement et le développement de la santé à partir d’exemples concrets de perturbations de la santé envisagées dans leurs dimensions bio psycho-sociales spirituelles et environnementales. Les stratégies utilisables seront expliquées, les résultats obtenus à l’issue des groupes de thérapie exposés.
Seront envisagés les facteurs qui rendent « malade » et les interventions qui « guérissent » les systèmes familiaux, communautaires ou d’entreprise. Les protocoles de soins générateurs de recouvrement de la santé seront proposés. Également abordée la question de savoir comment former à ces méthodes pourra être discutée. Ainsi que la question de l’évaluation des résultats. La méthode utilisée étant l’exposé, les questions-réponses.
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Contribution des approches transgénérationnelles, systémiques et phénoménologiques au développement de la santé individuelle et collective
Depuis une trentaine d’années, force est de constater qu’un certain nombre de réactions, de maladies physiques et psychiques, de comportements peuvent être hérités de nos ancêtres. Parmi ces réactions, des problèmes de santé relevant du champ d’expertise spécifique de l’Infirmière (1) Notes et référence en bas de page.
Les deux principales méthodes qui permettent de travailler sur les héritages transgénérationnels sont la psychogénéalogie (2) et « les constellations » (3).
Je vais brièvement parler de la psychogénéalogie qui est beaucoup plus connue (4) que l’approche dite des « constellations ». Ce terme poétique veut souligner que chaque forme de vie dans l’univers a une place unique au même titre que les étoiles (5) !… Or, si, dans le cosmos, une étoile n’était plus à sa place cela constituerait un désastre, dés-astre, c’est ce que le mot veut dire.
Lorsqu’une « forme de vie », dont les êtres humains, de l’embryon au vieillard, n’est pas à sa place dans un système, famille ou groupe humain, cela constitue un « désastre ». En termes savants cette forme d’intervention sur les systèmes (6) dite des « constellations » s’appelle : « Approche phénoménologique et systémique de repositionnement familial et d’entreprise » » (7).
Le but de l’une et l’autre méthode est de libérer les personnes et les systèmes des liens qui les aliènent pour leur permettre de construire des liens qui libèrent, tout en respectant leur écosystème.
Les origines antiques de l'approche systémique
Alors que la psychogénéalogie fait essentiellement appel au raisonnement, à la recherche des faits, aux aspects cognitifs de la personne, l’approche des constellations ouvre à des territoires inconnus de l’inconscient humain (8), individuel et collectif.
C’est une méthode qui vient de l’antiquité : chez les peuples premiers, lorsqu’une personne posait des problèmes de liens, d’absence de projets ou de relations perturbées avec autrui, les anciens réunissaient un groupe de volontaires, formaient un cercle, le « champ qui sait », et, à l’intérieur de cet espace, représentaient les éléments du problème qu’ils soient humains ou symboliques. On laissait ensuite les « représentants » ressentir ce qui venait et on constatait que, si dans un premier temps, les déplacements et les ressentis des représentants exprimaient le ou les problèmes, dans un deuxième temps, la solution se mettait en place naturellement. Le processus générait la guérison. Il en de même aujourd’hui.
C’est à Virginia SATIR (9) qu’on doit la redécouverte de l’approche dans les années 1970. Elle l’utilisait dans le cadre des thérapies familiales systémiques (10) dont elle est une des premières spécialistes. Virginia SATIR habitait en Californie à une époque où les traditions des peuples premiers commençaient à être exhumées. La Californie était le territoire d’Amérindiens dont la légende dit qu’ils se seraient appelés « Angelo », d’où le nom de la ville Los Angeles. Il est plus certain que cette dénomination est due aux missionnaires qui ont évangélisé la région. Par la suite, l’approche des constellations a été structurée par Bert HELLINGER (11), un prêtre allemand, lui aussi missionnaire, responsable d’un grand collège en Afrique du Sud. Il s’est inspiré des méthodes de guérison des Africains, méthodes curieusement proches de ce que l’on redécouvrait en Californie.
Il existe actuellement trois grands courants de constellateurs, ceux qui se rattachent à l’école systémique (12), ceux qui se rattachent à l’école phénoménologique (13) et ceux qui s’inspirent des deux écoles. Je fais plutôt partie de ces derniers.
Les constellations ne sont pas seulement centrées sur les problèmes du passé, loin de là. Elles ont pour but essentiel de soulager les systèmes familiaux, communautaires ou d’entreprises des « aliénations », des ruptures de liens ou des constructions de liens dysfonctionnels (14).
Si notre vécu peut être rendu difficile, jusqu’à la maladie, du fait de problématiques actuelles ou transgénérationnelles, qu’est-ce qui peut rendre malade un système et, bien sûr, une personne dans le système ?
1. Les exclusions
Une des règles constatée lorsqu’on analyse les généalogies est que tout ce qui est exclu (langue, pays, religion, idéologie, dons artistiques ou intellectuels, personnes, enfants, etc.) est appelé à être ré-inclu deux ou trois générations plus tard. C’est, entre autres, la problématique des secrets (15).
Il y a beaucoup de possibilités d’exclusion dans les problématiques de deuil, les problématiques issues d’actes inavouables, les incestes, les naissances illégitimes, les adultères, les suicides, les meurtres, les condamnations par la justice, les maladies mentales, certaines maladies telle la tuberculose, l’alcoolisme, etc. Tout ce qui n’a pas été relié par une reconnaissance, une parole, une nomination, risque de continuer à errer dans le système familial ou l’entreprise sous forme d’un « fantôme » (16), une « perturbation informe ».
La façon de soigner les exclusions c’est de réintégrer ce qui a été exclu, au moins, sous une forme symbolique.
2. Les malédictions
« Mal dire » de soi-même ou de quelqu’un conduit à plus ou moins brève échéance à manifester dans son corps des « mal- à-dit »(17), dans son corps ou dans celui d’un de ses descendants. On « maudit » quelqu’un en lui disant ou en lui faisant sentir : « c’est de ta faute si je me suis mariée avec ton père » « si tu n’étais pas né, j’aurais réussi ma carrière » « si ton père est parti, c’est à cause de toi » « tu es bien comme ton oncle, tu finiras comme lui, à l’asile » « et puis, d’abord, tu n’es pas un enfant désiré » ou bien, autre version « c’est un accident » en parlant d’un enfant (la conception d’un enfant n’est jamais un accident, c’est un mystère : la vie a choisi ces parents-là pour qu’ils deviennent les parents de cet enfant) ou lors d’un accident où un enfant est mort, dire au survivant : « j’aurais préféré que ce soit toi qui meurs »… et toute autre forme de malédictions.
On retrouve beaucoup de malédictions dans les problématiques d’attachement et de séparation, il suffit d’évoquer les divorces ! Une forme subtile de malédiction consiste à dire à l’enfant tellement de mal de son père ou de sa mère que la partie de lui qui vient de ce parent « maudit » ne peut qu’être vécue comme un mal absolu. Ces formes de malédictions tuent » (18) et une grande partie du travail des constellations consiste à passer des malédictions aux bénédictions : « bén-édiction », « bien dire », dire du bien. Comme le propose Luc BIGÉ (19) : passer du MAL au désir de LAM, puisque nous sommes dans un Congrès francophone, profitons-en pour nous réjouir des mots !
La façon de soigner les malédictions est de passer des malédictions aux bénédictions (20)… encore faut-il avoir pu exprimer le ressentiment de la perte pour y arriver.
3. Le déséquilibre des échanges
Le déséquilibre des échanges est une des sources de difficultés dans les systèmes familiaux et d’entreprises. Exemples : faire travailler des personnes sans les payer ou en les exploitant, tenir sa fortune d’un trafic d’esclaves (21), profiter d’une spoliation (22). Ou bien dans une famille un des enfants se sacrifie pour élever les autres, lors d’un héritage, un des enfants est privilégié au détriment des autres (c’est l’héritier qui risque le plus). L’un est honoré, l’autre déshonoré. Dans un couple, l’un travaille, l’autre pas et ce qu’il ou elle fait à la maison n’est pas reconnu comme valable. Dans un couple l’un a beaucoup de titres universitaires et l’autre n’en a aucun. Un macro déséquilibre des échanges est constitué par le déséquilibre des biens de l’hémisphère nord de la planète par rapport à l’hémisphère sud, on voit les drames que ça génère.
La façon de soigner les déséquilibres des échanges c’est de rétablir l’équilibre, ce qui est souvent délicat parce que les « réparations » à effectuer sont difficiles lorsqu’il y a eu des spoliations importantes. Il n’y a qu’à constater les problèmes qui se posent au moment des héritages et des partages de biens. Mais c’est le prix à payer pour que le système familial soit libéré des dettes (23) qui pèsent lourd sur les générations à venir. Il en est de même en macro économie.
4. Les intrications
Résultant très souvent des problèmes précédents une intrication est la situation où se trouve une personne lorsqu’elle est identifiée avec une autre personne : un ancêtre, un enfant mort, un bourreau, une victime, un disparu, un accidenté, un accidenteur, un héros, un malade mental, un jumeau mort, etc. Comme on le voit, une intrication peut avoir pour origine la disparition non reconnue de quelqu’un, donc un deuil impossible. Dans ce cas, la personne intriquée se conduit étrangement pour elle-même et pour les autres, comme si elle se chargeait de vivre ce que l’autre a vécu, de représenter ce qui a présidé à sa malédiction, à son exclusion, à son déshonneur ou à sa non reconnaissance. Cela peut constituer ce qu’on appelle des personnalités multiples. On trouve des intrications derrière des pathologies mentales lourdes telles que les schizophrénies (intrication avec un ou des meurtriers), les maniaco-dépressions (intrication entre une ou des victimes et un ou des bourreaux), les mélancolies (intrication avec un jumeau mort (24), voire avec un embryon mort). Le travail des constellations est un des rares qui permet de travailler sur ces situations.
La façon de soigner les intrications consiste à retrouver la personne avec qui on est intriqué et par le biais d’un représentant à lui rendre ce qu’on a cru devoir porter à sa place… par amour, mais qui ne nous appartient pas.
5. Le non-respect des lois de la vie
Pour que la vie puisse se développer, un certain nombre de lois sont nécessaires. Ce sont les lois de la physique, de la biologie, etc. Ce sont également des lois éthiques, morales. Nous ne connaissons pas toutes ces lois, mais le patrimoine culturel que nous ont laissé nos ancêtres nous permet de les approcher. La base des lois de la vie, outre les lois issues de la physique, de la biologie, etc., est : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’il te fasse. » Lorsqu’une de ces lois n’est pas respectée on n’est pas puni » (25), on subit les conséquences de ce non-respect. Exemple : si quelqu’un se jette du huitième étage d’une tour, il meurt. Il n’est pas « puni », il subit les conséquences du non-respect d’une des lois de la vie : la pesanteur. Il peut avoir, bien sûr, des raisons de ne pas les avoir respectées ! Si quelqu’un tue quelqu’un d’autre, dans un accident de voiture, même si sa responsabilité n’est pas en cause, il n’est pas puni, mais il en subit les conséquences. Et ces conséquences sont qu’il existe désormais un lien de destin entre sa famille et la famille du tué. Qu’il ait tué volontairement ou non, il semble qu’il s’expose lui-même et expose les siens à des conséquences sur plusieurs générations.
Le travail transgénérationnel n’est pas à proprement parler un travail de remise en ordre moral, mais une approche permettant d’assumer autant que possible les conséquences de ses actes pour n’avoir pas à en pâtir soi-même ou dans ses descendants (26) : les enfants, les petits-enfants, les arrières petits-enfants, etc. Dans quelques instants, je vais préciser comment on hérite de ses ancêtres.
La façon de soigner le non-respect des lois de la vie est de reconnaître leurs conséquences et les assumer, voire les réparer, pour éviter qu’elles ne deviennent malédictions dans la lignée.
6. Les désordres
Les systèmes familiaux et d’entreprises se révèlent avoir un certain ordre. Ainsi les aînés viennent avant les puinés. L’homme est à droite de la femme et les enfants à gauche de celle-ci… Les désordres surviennent lorsqu’une personne n’est pas à sa place. Par exemple, les parents ayant divorcé, la fille aînée se croit obligée de tenir la place de son père à l’égard de sa mère. Cela peut être une des origines de l’homosexualité féminine et c’est une position désespérée du point de vue de la sexualité. Autre exemple : telle adolescente souffre d’anorexie boulimie jusqu’au jour où ses parents constellent un avortement, directement relié à sa place dans la fratrie. Autre exemple, un premier couple ayant décidé d’avorter, la femme refait un couple avec un autre conjoint dont elle a trois enfants, le « troisième » croit devoir inconsciemment prendre la place du premier petit mort, son aîné, auquel il est relié du fait de sa place de quatrième par sa mère. Il joue à gothique, s’automutile, est victime des autres plus qu’il n’est bourreau, à moins qu’il ne s’identifie à ceux qui ont « tué » son demi-frère aîné, le premier mari de sa mère et celle-ci. Dans ce cas, il devient casseur, violent, voire tueur. Les constellations permettent de sortir de ces impasses qui peuvent être si graves, qu’elles conduisent les personnes « déplacées » en psychiatrie, en prison, ou dans la rue comme SDF.
La reconstitution du système et sa représentation, permettent de restaurer l’ordre et de soulager les tensions, voire de guérir les pathologies induites par les désordres.
Disons, pour résumer, que :
« L’attachement est la nécessité vitale dans laquelle sont tous les êtres vivants de créer de la proximité avec un autre être ». Cette proximité est d’abord physique, puis, chez l’être humain, elle devient symbolique. Le système d’attachement comporte quatre grandes étapes fondamentales : le contact, le maintien du lien, la différenciation et le deuil. Si des ruptures trop importantes ont lieu à ces étapes, un ébranlement de la personne peut la conduire à des problématiques individuelles et transgénérationnelles qui relèvent des constellations. Exemple : une femme ne s’est jamais remise de la perte de son mari pendant la guerre de 14/18. Quatre générations plus tard, son arrière petite fille ne parvient pas à fonder un foyer. À chaque fois qu’elle réussit à entamer une relation, elle abandonne l’homme, comme si elle le renvoyait à un ailleurs. Sa constellation peut montrer qu’elle cherche un mari pour son aïeule et pas pour elle. Autre exemple : un homme s’est senti poussé sous un train par quelqu’un qui cherchait à le tuer. Les autres voyageurs l’ont rattrapé de justesse et personne ne l’avait réellement poussé. Cet homme a perdu son jumeau » (28) au troisième mois de la grossesse de sa mère. Il n’a pu se différencier de l’enfant mort, et pour cause, il n’avait pas non plus les moyens de parler ses émotions et de traverser le deuil, en outre, il est né dans le deuil que sa mère vivait à propos de l’autre enfant. Ce qui a perturbé le contact avec celle-ci. L’enfant mort est positionné dans l’inconscient comme un fantôme menaçant. Le consteller permet de nommer le petit mort, de l’inscrire dans sa lignée, de le bénir dans la culture de ses ancêtres et le syndrome menaçant le jumeau survivant disparut. Ce cas nous fut confié par le Psychiatre.
Les constellations permettent de relier la personne présente à l’événement traumatique pour qu’elle s’en délivre.
8. Les paradigmes désastreux
Ce sont des façons de penser qui ne peuvent conduire qu’au pire. Pour être caricatural, la personne qui se dit : « Puisque mon passé a été terrible, mon présent ne peut être que mauvais et mon avenir encore pire ! » pourrait peut-être s’installer comme expert dans l’art du malheur (29) mais ne pourra que difficilement accueillir sa vie comme un bonheur (30). De même les personnes qui croient que le mal qu’on leur a fait détermine leur état de détresse ou de stress.
Ce n’est pas le mal qu’on vous a fait qui détermine votre malheur, mais ce que vous en faites. (31)
Les façons de penser qui génèrent du malheur sont à retravailler délicatement avec les personnes qui les croient vraies, elles ne le font pas exprès.
Se pose maintenant la question :
Comment "hérite"-t-on de ses ancêtres ?
Le premier constat est qu’on hérite de ses ancêtres en sautant une génération. Vos enfants héritent plus de vos propres parents que de vous-mêmes. L’expérience montre que lorsque les grands-parents ont vécu des traumatismes sans pouvoir les « digérer » (on dirait les « élaborer »), les parents « psychologisent » le trauma et les enfants le somatisent sous la forme de troubles plus ou moins graves et plus ou moins accessibles aux traitements, dont la psychothérapie (32). Ce n’est pas inéluctable et chaque génération a son travail de développement et surtout de transformation (33) à assumer. Quelques exemples : il n’est pas rare de voir un enfant porter la colère de ses grands-parents, voire de ses trisaïeuls, c’est-à-dire les parents de ses grands-parents, ce qui peut se traduire par des troubles hépatiques (34), des allergies inexpliquées, voire un diabète (conflit entre deux grand mères).
Les scléroses en plaque peuvent correspondre à une « lutte à mort » dans la lignée des hommes. Certaines anorexies coïncident avec des massacres pouvant remonter jusqu’à la Révolution de 1789 ! Les stérilités sont souvent des réactions d’arrêt de la vie du fait d’un risque de mort (35). On a déjà évoqué les maniaco-dépressions et les schizophrénies.
On hérite également de ses ancêtres en fonction de son rang dans la fratrie, toutes les conceptions (fausses couches, avortements, échec de FIV, grossesses extra utérine) étant considérées comme pouvant avoir leur place. C’est dire l’absurdité d’organiser des « trous » dans la fratrie comme ce serait le cas pour les mères porteuses ! C’est dire également la gravité de certaines décisions comme les réductions embryonnaires.
L’aîné(e) (1) s’inscrit dans la lignée du père. La perte d’un(e) aîné(e) est une blessure « plus grave » pour le père que pour la mère dans la mesure où c’est une blessure dans sa lignée. Symboliquement l’aîné(e) représente les fondations de la maison. Il(elle) s’intéresse plus aux grands-parents qu’aux parents.
Le (la) second(e)(2) s’inscrit dans la lignée de la mère. La perte d’un(e) second(e) est une blessure « plus grave » pour la mère que pour le père dans la mesure où c’est une blessure dans sa lignée. Il(elle) représente symboliquement les murs de la maison (c’est un enfant de l’intérieur, le premier étant un enfant des profondeurs) et il(elle) s’intéresse aux parents. Le (la) second(e) souffre souvent plus lors du divorce des parents que les autres enfants.
Le (la) troisième(3) est l’enfant du changement. Il faut qu’il(elle) fasse « différent ». Il (elle) représente le toit de la maison, l’achèvement, la protection, mais aussi le renouvellement. Il (elle) s’intéresse à la fratrie. La perte d’un(e) troisième signale une impossibilité dans les changements utiles à la vie, c’est une souffrance « plus importante » pour les frères et soeurs.
Le (la) quatrième(4) est dans la lignée du premier, donc celle du père.
Le (la) cinquième(5) dans la lignée du second, donc celle de la mère.
Le (la) sixième(6) dans la lignée du troisième, c’est donc un enfant du changement, etc.
Ce schéma doit rester une carte de lecture possible et non une méthode pour enfermer les gens. Il permet de comprendre un certain nombre de réactions et d’aller plus vite dans l’identification des héritages transgénérationnels.
Une troisième constante transgénérationnelle est importante à considérer : on se marie avec un(e) conjoint(e) dont la famille est un reflet de sa propre famille (36) : une sorte d’effet miroir, ceci dans l’espoir de libérer le système.
À lire tous ces exemples on peut se demander sur quoi se fondent ce qui pourraient passer pour des affirmations et qui ne sont que des hypothèses de travail validées par les résultats. Essentiellement les résultats. C’est au constat de ceux-ci qu’on déduit qu’il s’agissait sans doute de tel ou tel problème dans la lignée puisque représenter la situation permet aux personnes et au système de guérir et de sentir mieux, libérés de ce qui les entravait. La recherche se poursuit dans le but de mieux cerner les processus et leurs effets.
En conclusion, s’il ne faut surtout pas se limiter aux approches psychologiques (37) en matière de santé et surtout de maladie, le travail des constellations donne au moins une chance de sortir des scénarios d’échec, une chance de naître à la vie. Il donne également une chance d’éviter à ses enfants de porter les problèmes des grands-parents et à ses petits-enfants de porter ses propres problèmes.
Marie-Thérèse BAL-CRAQUIN est Maître en Programmation Neuro-Linguistique, formée en psychanalyse, relaxation analytique, Analyse Transactionnelle, Gestalt, Thérapie systémique des familles, Psychologie Transpersonnelle, Approche Rationnelle Émotionnelle, Thérapie systémique et phénoménologique transgénérationnelle, elle anime des séminaires de repositionnement familial et d’entreprises depuis plus de 15 ans dans différents pays d’Europe. Aujourd’hui elle poursuit son activité au titre de bénévole retraitée active dans les domaines de compétences qui continuent à être les siens.
Notes et références
(1) BAL-CRAQUIN, Marie-Thérèse « Comment et pourquoi initier une démarche éducative ? Conférence du 3 juillet 2003 aux élèves Infirmier(ère)s de Bar-Le-Duc ». Disponible sur le site www.infiressources.ca
(2) ANCELIN SCHÜTZENBERGER, Anne « Aïe, mes aïeux ! » Éditions La Méridienne/Desclée de Brouwer, Paris, 2000, 254 pages.
(3) MANNÉ, Joy « Les constellations familiales : Intégrer la sagesse des constellations familiales dans sa vie quotidienne » Éditions Jouvence, France, 2005, 95 pages.
(4) PHANEUF, Margot « Communication, entretien, relation d’aide et validation » Éditions Chenelière/ McGraw-Hill, Montréal, 2002, 634 pages. Dans cet ouvrage l’auteure donne de très bonnes indications sur l’utilisation pratique des génogrammes « outils » de la psychogénéalogie, pages 513 et suivantes.
(5) REEVES, Hubert « Poussières d’étoiles » Éditions Seuil, Collection Points Sciences, Paris, 1988, 252 pages.
(6) GRÜN, Anselm « Management et accompagnement spirituel » Éditions Desclée de Brouwer, Paris, 2008, 270 pages. Au chapitre 5 de cet ouvrage l’auteur, un bénédictin très connu, explique la méthode des constellations systémiques et son utilité pour le développement de la « santé » et la guérison des relations dans l’entreprise, ce qui peut nous inspirer de saines pratiques pour les milieux hospitaliers, pages 181 et suivantes.
(7) HELLINGER, Bert ; TEN HÖVEL, Gabrielle « Constellations familiales » Éditions Le Souffle D’Or, France, 2001, 210 pages.
(8) GROF, Stanislav « Royaumes de l’inconscient humain » Éditions Le Rocher, Collection L’esprit et la matière, 1992, 288 pages.
(9) SATIR, Virginia « Pour retrouver l’harmonie familiale » Éditions Universitaires, Paris, 1980, 306 pages.
(10) SATIR, Virginia « Thérapie du couple et de la famille » Éditions Desclée de Brouwer, Paris, 1995, 251 pages.
(11) HELLINGER, Bert « La maturité dans les relations humaines » Éditions Le Souffle D’Or, France,2002, 231 pages.
(12) POTSCHKA-LANG, Constanze « Constellations familiales : guérir le transgénérationnel » Éditions Souffle D’Or, Collection Chrysalide, France, 2001, 283 pages.
(13) SINGER, Christiane « Éloge du mariage, de l’engagement et autres folies » Éditions Albin Michel, Paris, 2000, 132 pages.
(14) WEBER, Gunthard ; HELLINGER, Bert « Les liens qui libèrent » Éditions Grancher, 1998, 321 pages.
(15) NACHIN, Claude « À l’aide, y a un secret dans le placard ! » Éditions Fleurus, Paris, 1999, 200 pages.
(16) DUMAS, Didier « L’Ange et le Fantôme: Introduction à la clinique de l’impensé généalogique » Éditions de Minuit, Collection Arguments, France, 1985, 179 pages.
(17) BIGÉ, Luc « Petit dictionnaire en langue des Oiseaux : Prénoms, Pathologies et Quelques Autres » Éditions de Janus, Collection Systèmes du Monde, France, 2006, 240 pages.
(18) VAILLANT, Maryse « Il m’a tuée » Éditions de La Martinière, Paris, 2002, 284 pages.
(19) BIGÉ, Luc « Petit dictionnaire en langue des Oiseaux : Prénoms, Pathologies et Quelques Autres » Éditions de Janus, Collection Systèmes du Monde, France, 2006, 240 pages.
(20) GRÜN, Anselm « Vous êtes une bénédiction ? » Éditions Salvator, France, 2006, 157 pages.
(21) PÉTRÉ-GRENOUILLEAU, Olivier « L’argent de la traite : Milieu négrier, capitalisme et développement : un modèle » Éditions Aubier, France, 2009, 418 pages.
(22) ROSNAY, Tatiana de « Elle s’appelait Sarah » Éditions LGF, Collection Littérature étrangère, France, 2008, 403 pages.
(23) CANAULT, Nina « Comment paye-t-on les fautes de ses ancêtres : L’inconscient transgénérationnel » Éditions Desclée de Brouwer, Paris, 2007, 167 pages.
(24) AUSTERMANN, Alfred Ramoda « Le syndrome du jumeau perdu » Éditions Le Souffle d’Or, Collection Constellations Familiales, France, 2007, 292 pages.
(25) GRÜN, Anselm « Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? » Éditions Desclée de Brouwer, Paris, 2006, 191 pages.
(26) RIALLAND, Chantal « Cette famille qui vit en nous » Guide pratique de psychogénéalogie, Collection Marabout, Éditions Robert Laffont, Paris, 1994, 250 pages.
(27) BAL-CRAQUIN, Marie-Thérèse « Attachement, séparations, deuils, dépressions : ouvertures transgénérationnelles. Conférence du vendredi 5 octobre 2007 à Déols ». Disponible sur le site www.infiressources.ca
(28) AUSTERMANN, Alfred Ramoda « Le syndrome du jumeau perdu » Éditions Le Souffle d’Or, Collection Constellations Familiales, France, 2007, 292 pages.
(29) WATZLAWICK, Paul « Faites vous-même votre malheur » Éditions du Seuil, Collection Seuil Humour, France, 1990, 119 pages.
(30) FILLIOZAT, Isabelle « L’alchimie du bonheur » Éditions Dervy, France 1992, 300 pages.
(31) PRADERVAND, Pierre « Plus jamais victime : victime ou responsable, je choisis » Éditions Jouvence, Genève, 2001, 96 pages.
(32) ANCELIN SCHÜTZENBERGER, Anne ; DEVROEDE, Ghislain « Ces enfants malades de leurs parents » Éditions Payot et Rivages, Paris, 2004, 179 pages.
(33) SINGER, Christiane « Du bon usage des crises » Collection Espaces Libres, Éditions Albin Michel, Paris, 2005, 147 pages.
(34) SELLAM, Salomon « Origines et prévention des maladies » Éditions Quintessence, France, 2003, 350 pages.
(35) MILLER, Alice « Notre corps ne ment jamais » Éditions Flammarion, Paris, 2004, 192 pages.
(36) CYRULNIK, Boris « Les nourritures affectives » Éditions Odile Jacob, Paris, 2000, 252 pages.
(37) SONTAG, Susan « La maladie comme métaphore » Éditions Christian Bourgeois, France, 2005, 111 pages.